John Mayer et Fender, la rupture

Il y a quelques jours on pouvait lire sur Twitter deux tweets de John, mettant fin à sa relation avec Fender.

Tweets Fender

Tout le monde y est allé de sa rumeur ou de son explication sans trop savoir ce qu’il en était. Je ne me permettrai pas de dire que j’ai la réponse à tout ça mais lors d’une conversation sur Twitter un vendeur nous a guidé vers un article qu’il a écrit, c’est peut être un début d’explication…

OBrien Tweet

Je suis donc allée a la recherche de l’article, et voila, bonne lecture. Peut-être que cela nous éclairera un peu plus sur la décision (difficile) que John à pu prendre.

Gabriel O’Brien est Manager des ventes chez Larry’s Music Center à Wooster dans l’Ohio.
Le magasin a d’ailleurs été récemment nommé dans le classement des 100 meilleurs vendeurs par la NAMM en 2014.

Note de l’éditeur:
Le revendeur « Music & Sound » a récemment rapporté que Fender prépare des plans pour vendre tous ses produits de marque « Fender » directement aux consommateurs par le biais de son site Web.
Dans cet article Gabriel O’Brien, directeur des ventes chez Larry’s Music Center, aborde les questions et les enjeux de cette décision.
Les opinions de l’auteur sont les siennes, et ne doivent pas être interprétées comme reflétant l’opinion de l’éditeur ou du distributeur.
L’indépendance c’est ce qui a marqué le début du rock’n’roll : l’indépendance de nos parents, du Big Brother et du statu quo. La définition de l’indépendance est l’autosuffisance, le choix, les décisions individuelles, et l’établissement de notre propre parcours.

L’esprit du rock’n’roll indépendant à cependant été coopté par certains de ces hommes qui sont eux-même des banquiers de Wall Street, qui nous ont ouvert vers la bulle internet mais aussi vers la crise financière.

Nous assistons à une consolidation de notre industrie similaire à celle qui s’est passée dans les médias, de la banque et des télécommunications.

Les grandes sociétés de capitaux privés ont acheté les magasins de détail et les gros fabricants, en utilisant principalement la dette comme effet de levier soutenu par des obligations d’achats de pacotille.
En possédant à la fois la vente de gros et de détail, ils se vendent les produits entre eux, et les revendent aux consommateurs.

Un cas à citer est celui de Weston Presidio, qui détient bon nombre de parts de participation dans Fender et Guitar Center, un fait qui est fièrement affiché sur son site web. Tout ça a été examiné par l’analyste de marché Eric Garland dans une excellente série qu’il a publié sur son site web ericgarland.co

Des grands noms comme Fender ont été construits sur le dos de magasins de musique indépendants. Les décisions d’achats étaient alors dans les mains des magasins de détail. Cependant, ils ont progressivement évolué dans les mains des fabricants et des grossistes qui dictent les conditions, les prix et les références.
Les indépendant se plaignent sans cesse des ventes sur Internet et des magasins de grande surface alors que dans le même temps, ils achètent des produits de fabricants qui partagent eux même la propriété avec des firmes a gros capitaux privés. En achetant de ces sociétés nous contribuons au succès de nos concurrents de grande surface.

Il y a trois ans, le gérant de Larry’s Music Center, Brad Shreve, et moi avons commencé à évaluer la façon dont nous choisirions nos produits et de nos relations avec les fournisseurs, et nous avons élaboré un ensemble de critères simples: nous voulons réaliser les meilleurs produits que nous pouvons trouver et nous voulons les acheter seulement à des sociétés indépendantes qui démontrent un réel intérêt dans nos produits, pas dans les chiffres.

Cette nouvelle philosophie d’entreprise a rapidement soulevé des questions au sujet de marques que nous soutenions. Depuis, nous avons éliminé plusieurs fournisseurs traditionnels en faveur des entreprises avec de meilleurs produits ou comparables, des conditions plus favorables, un meilleur service client et des exigences de stockage qui sont moins strictes. Une marque que nous avons cessé de prendre en charge, Fender.

Après plus de 25 ans en tant que revendeur Fender, nous avons été aux prises avec les exigences en constante évolution, nous avons dû y répondre, ainsi que la manière dont elles nous ont été prescrites.
Par conséquent, nous n’étions plus en mesure de décider par nous-mêmes des produits qui allaient circuler dans nos magasins, des éléments qui seraient au niveau de qualité que nous exigions et des produits qui seraient suffisamment rentable pour être digne de notre nom. Ces termes nous ont été dictés par incréments, de plus en plus.
Et, malgré une année de vente record, les demandes devenaient de plus en plus hautes.

L’année dernière, Fender a annoncé un programme de conception sur mesure offrant aux consommateurs la possibilité de construire une guitare personnalisée et de l’acheter directement de la société via son site Web.
Taylor Guitars offre un programme similaire, à l’exception de la vente qui, elle, passe par un revendeur, gardant ainsi la relation humaine intacte. À l’époque, et malgré les assurances de notre représentant des ventes Fender et de son patron, seules les guitares personnalisées haut de gamme serait disponible directement, cela semblait être un essai pour de nouvelles ventes directes. Après mûre réflexion, nous avons jugé ces pratiques commerciales intolérables et, en tant que détaillant, nous avons décidé qu’il était mieux pour notre magasin de mettre fin à cette relation.

Certaines de ces décisions ont été difficiles au début, étant donné que la valeur de notre magasin repose principalement sur le poids des marques que nous représentons.
La simple vérité est que les magasins de détail sont lents à s’adapter et coincés dans le passé, souvent ancrés à des marques moins en raison de leur valeur actuelle et plus en raison de leur importance historique. Dans un marché en évolution rapide et dynamique comme aujourd’hui ce n’est tout simplement pas une bonne affaire.

Nous nous sommes avoué que nous avions eu peur que nous ne serions plus perçu comme un « vrai » magasin de musique en donnant un nom de marque méconnu. Cependant, dès que notre nouvelle philosophie a été mise en pratique, nous avons réalisé que nos craintes n’étaient pas fondées.

Nous vivons dans une époque ou le choix des grandes marques et des produits de qualité à choisir est plus grand que jamais. Maintenant que nous ne dépensons pas tout notre pouvoir d’achat en un seul endroit, nous sommes libres d’explorer d’autres marques. Ce ne sont pas des marques de niveau B sans aucune reconnaissance du nom pour autant.

Nous avons acquis des lignes, comme Duesenberg, Reverend, EarthQuaker, Marshall et Washburn, avec des exigences d’achats que nous considérons comme plus favorable, tout en obtenant de meilleures marges. Nous avons maintenu nos relations avec d’autres marques comme Taylor, Korg, Vox et Yamaha qui ont tous des exigences que nous jugeons équitable et qui répondent à nos besoins. Et, nous achetons toujours beaucoup de produits Fender d’occasion pour offrir à nos clients.

Etre indépendant est un atout, et il doit être traité comme tel. Comme les détaillants, nous devons reprendre le contrôle. Si nous ne le faisons pas, les termes dictés par les fabricants deviendront de plus en plus difficile à respecter.
Nous devons décider ce que nous portons, la négociation des termes et des prix, et faire ce qui est le mieux pour nos magasins. Nous ne faisons pas de décisions de comité ou parce que des actionnaires l’ont décidé, nous prenons des décisions basées sur ce que nous pensons être juste pour notre entreprise et sur ce que nos clients veulent. Les revendeurs indépendants doivent évaluer la valeur de leurs gammes de produits, et des sociétés propriétaires de ces lignes, sur la base du marché tel qu’il est et non pas comme il était lors de ces dernières décennies.

Source: www.msretailer.com/msr/fired-fender/

2 réponses à “John Mayer et Fender, la rupture

  1. Super ton post! Après ça ne dit pas que John à pris sa décision à cause de ça. Puis blâmer Fender pour vendre depuis son site directement je trouve pas ça très chic. Après tout, que je sâche il ne vendent que les guitare que le client peut customiser à sa guise. Je suis un client Fender, j’adore la marque et ça ne me choque pas. Après ce n’est que mon point de vu 🙂

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